Je sais que je ne sais pas

Tout et rien.

vendredi, juillet 21, 2006

Superbes portraits de gens vivant dans la rue à San Francisco, avec des bouts de leur histoire. Les photos sont superbes. Allez voir ça.

samedi, juillet 15, 2006

Marco the man of the situation

Démonstration de force

Voile dans le bleu

mardi, juillet 11, 2006

Feist Quebec 2006

I love you Feist

vendredi, juillet 07, 2006

My sister fishing in the sky

jeudi, juillet 06, 2006

René

samedi, juillet 01, 2006

Les Guerriers

Tiré du Devoir du 30 juin.

Par Pascale Navarro

Quand on lit la description du syndrome
de stress post-traumatique (SSPT) faite
par le gouvernement canadien, on est
impressionné par les connaissances pointues de
nos fonctionnaires sur la psychologie humaine...
Tant de science fascine! Le syndrome, présenté
dans un document des Anciens combattants, décrit
une série d’affections vécues par une personne dont
la vie est mise en danger. L’étude a été menée pour
venir en aide aux soldats et à leur entourage, qui
ont trop souvent à vivre le reste de leur vie avec les
séquelles de la guerre. En fait, on estime que 10 %
d’entre eux souffriront du syndrome de stress posttraumatique
au retour de leur mission. Tout cela
pourrait paraître banal: après tout, ceux qui s’engagent
savent très bien à quels risques ils s’exposent.
D’autant plus que le phénomène n’est pas nouveau:
on connaissait déjà le «trouble affectif du soldat» pendant
la guerre de Sécession, la «névrose de guerre»
pendant la Deuxième Guerre mondiale ou le «stress
de combat» pendant la guerre du Vietnam. Dans le
document produit par les Anciens combattants, on
explique que le trouble en question remonte au
moins jusqu’à l’Antiquité. Bref, depuis que le monde
est monde et qu’on fait la guerre.
À la lumière de ce qu’on sait sur les effets du
SSPT (ce qui s’ajoute à tout ce que nous savons
déjà!), l’esprit de fête et de gloire qui animait les politiciens
du gouvernement conservateur cette semaine
donnait froid dans le dos. Les ministres Fortier
et O’Connor étaient tout heureux d’informer la
population canadienne qu’ils allaient enfin pourvoir
l’armée de nouveaux équipements, et ce, à un coût
astronomique. Ils étaient contents de nous apprendre
que les milliards vont pleuvoir sur l’Armée
canadienne. Je les regardais, abasourdie, s’exclamer,
parader, comme si la guerre était une chose
extrêmement souhaitable. J’avais l’impression
d’être dans un cauchemar. Avons-nous vraiment
des valeurs guerrières? Le gouvernement Harper
en est visiblement convaincu et considère qu’il nous
fait plaisir en choisissant d’investir dans la modernisation
de l’équipement militaire. On nous parle de
machines et de ferraille alors qu’au fond, c’est la
guerre qu’on est en train de nous vendre! Pour justifier
l’engagement de telles sommes, il faut croire
dur comme fer que la guerre est une bonne chose,
que ces valeurs belliqueuses sont les nôtres, que
nous rêvons d’être les plus forts et d’envoyer nos
soldats en mission avec une tape dans le dos.
Mais à quel prix? Peut-on fermer les yeux sur ce
qu’on sait, sur les études qui ont documenté l’état
lamentable dans lequel la guerre met les soldats,
sans parler des civils? C’est la guerre qui, à l’heure
actuelle, nous fournit les images les plus sinistres et
les plus dégradantes: pensons seulement à la prison
d’Abou Ghraïb. Il faut lire les récits de soldats revenus
de la guerre d’Irak, qui vous glacent le sang,
comme cet Américain de 27 ans qui réclamait l’asile
au Canada en mars dernier, déplorant l’anarchie qui
a régné pendant son séjour en Irak et décrivant les
horreurs auxquelles il a dû prendre part. L’armée
britannique, elle, connaît un sérieux malaise
puisque ses déserteurs sont de plus en plus nombreux.
Quant à nous, c’est le manque de ressources
qui minerait, dit-on, le moral de nos troupes. Mais
justement, si nous avons si peu investi dans la guerre
et l’armement, c’est peut-être parce que nous
nous y opposions?
Le pacifisme légendaire du Canada est en train
d’en prendre plein la figure. Dommage. Suis-je irréaliste
si je crois que le fait d’investir dans la paix
est nettement plus valorisant et plus démocratique
pour un peuple qui, il me semble, l’a toujours été?
Je ne vous parlerai même pas de toutes les belles
choses qu’on aurait pu faire avec ces milliards.
Mes valeurs me disent encore que cet argent aurait
été plus utile dans la lutte contre la pauvreté, les inégalités
sociales, la négligence, la faim, etc. Je
m’entends et j’ai l’impression que plus personne ne
croit à cela. Nous sommes passés en mode offensif
sans même nous en apercevoir.
On dit que la pollution tue, on investit pour la diminuer;
on dit que le cancer tue, on investit pour le
combattre; on dit que la cigarette tue, on en restreint
sévèrement l’usage.
On sait que la guerre tue et handicape tous ceux
qui y participent et tous ceux qui la subissent...
mais on continue de la faire et de la financer. Si encore
on ignorait tout des effets à long terme sur les
gens, si on ne savait rien des dépressions, de
l’anxiété, des difficultés relationnelles, on pourrait
peut-être excuser les partisans de la guerre. Mais
ce n’est pas le cas. Les preuves s’accumulent, les témoignages,
les horreurs. Et on en veut encore? On
connaît par coeur les séquelles de la guerre sur les
populations et les individus. Remarquez, la psychologie
n’a rien inventé: la guerre a toujours rendu les
gens malheureux. Or le pire échec n’est pas de la
perdre mais de ne plus se battre contre elle. Et c’est
exactement ce qui nous arrive.